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Le terrible Yves Michelet (encore lui) continue à sévir. Il n'a pas besoin de mots (d'enfant) pour s'emparer énergiquement du panier de poires délicieuses, à la grande indignation de son père, le capitaine (au fond)…

... ni pour en dévorer une discrètement, assis au milieu de la pelouse, tout en se cultivant grâce aux meilleures œuvres de la littérature française.

Mots d’enfants et autres

« Et autres » inclut, évidemment, certaines formules ou déclarations de nos charmantes compagnes de la gent féminine, et aussi de nombreuses expressions impayables d’étrangers qui parlent bien le français mais pas tout à fait parfaitement (ce qui est presque impossible), disant parfois, voire souvent, des choses vraiment désopilantes. C'est valable aussi dans l'autre sens. Il est clair que je suis un homme très courageux pour m’exposer ainsi au juste courroux du sexe dit « faible » dont il est bien connu, à présent, qu’il est bien plus fort que nous autres affreux machos, sauf peut-être pour la force musculaire pure, quoique… Je ne méprise nullement les étrangers qui parlent français, au contraire : je les admire et je suis heureux qu’ils existent mais, ayant très bien appris moi-même l’allemand, l’anglais et le suédois au plus haut niveau international, je sais que le français est vraiment très difficile et que, même sans cela, ne pas faire de fautes, souvent très drôles, dans une langue étrangère, demande un long apprentissage et beaucoup de pratique ; c’est très difficile aussi. Je crois qu’on n’y parvient jamais entièrement mais il faut essayer.

Je sais que je ne serai jamais parfait dans les trois langues étrangères que j’ai très bien apprises, et mes paroles ont souvent amusé les étrangers qui m'écoutaient. Contrairement à ce que croient au moins 99 % des habitants de cette planète, je suis convaincu que l’anglais est beaucoup plus difficile que les autres langues européennes si l’on dépasse le niveau du « Bonjour  Monsieur ; Madame, votre chambre est au 3e étage ; ce repas coûte 53 euros… », bref le niveau élémentaire. Presque tous les étrangers (non-anglophones) qui parlent anglais font de nombreuses fautes souvent énormes dont ils n’ont aucune idée, sans parler de l’accent terrible des Français, dans d’autres langues aussi (je ne parle pas de la prononciation, « we » se prononçant « oui » en anglais, mais de l’accent français à couper au couteau, avec à la fin de chaque mot, ou presque, des ÊÊÊÊ et des EUUUUUUH que rien ne justifie.).

Mais venons-en aux mots d’enfants et autres tournures drolatiques. Je n’en sais pas beaucoup mais c’est un début. Je compte sur vous pour en ajouter et pour m’éviter des efforts car je suis très paresseux.

Mots d’enfants

Ma mère, pour l'administration la nommée Renée Anna Pauline de Boyer de Camprieu épouse Michelet (dans Camprieu, le p ne se prononce pas plus que dans "camp" : "Canryeu"), n'a pas toujours été la grand-mère et l'arrière-grand-mère qu'ont connue ceux de ses descendants qui sont encore en vie. Elle aussi fut une toute petite fille, il y a bien longtemps. Comme elle était née le 29 avril 1912 et que le naufrage du Titanic a eu lieu le 14 avril (croyez-le ou mon, on trouve différentes dates sur Internet, mais la plus vraisemblable est : dans la nuit du 14 au 15 avril 1912), j'ai l'habitude de dire que le mois le plus épouvantable du XXe siècle ne fut ni celui où a commencé la guerre de 14-18 ou celle de 39-45 ni celui de la première explosion nucléaire ou thermonucléaire mais bien avril 1912 car il a vu la naissance de ma future mère et, accessoirement, le naufrage du Titanic (peu de chose en comparaison).

Les députés

Elle était toute petite donc - peut-être 4 ou 5 ans, voire 6 ans car son père a fait toute la guerre de 14-18 en première ligne dans les tranchées - quand, se déplaçant en métro dans Paris, son père et elle passèrent à la station Chambre des Députés. Son père lui expliqua alors de quoi il s'agissait. Quelques jours plus tard, nouveau passage dans la même station de métro. Son père lui demanda : "Tu te souviens de cette station, de son nom ?" La réponse vint immédiatement : "Oui, cé la sambre des malades", zozota-t-elle. Cette déclaration valut à la petite fille une ovation et des acclamations car, à cette époque, l'antiparlementarisme était presque général.

Une découverte stupéfiante

Vers 1942, une amie de mes parents, veuve d’un jeune pilote de reconnaissance tué par la Flak en juin 1940, le lieutenant André Marty (la Flak était l’artillerie antiaérienne allemande, et les équipages de reconnaissance avaient un immense mérite à se conduire avec tant d'héroïsme car ils étaient la proie favorite de la Flak et surtout des chasseurs allemands, qu'ils attiraient comme des mouches ; l'inverse était vrai aussi, au profit de la Chasse française) ; cette jeune veuve, donc, était venue nous voir à Salon avec sa petite fille Josette (4 ans). C’était l’été et les deux mères de familles étaient dans le jardin avec les enfants. Mon grand frère Daniel (4 ans aussi) jouait un peu plus loin avec Josette. Soudain, celle-ci se précipita vers sa maman et s’écria, manifestement stupéfaite (tout cela avec son délicieux accent du Sud-Ouest – elles habitaient Revel) : « Maman, Maman ! Tu sais pas ceu qu’il a fait, Daniel ? Il a sorti cetteu peutiteu chaîneu qu’il a, ET IL A FAIT PIPI ! ». Le monde est plein de choses incroyables.

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Un jeune cannibale (moi !)

Mon père Georges Michelet, futur officier de l’Armée de l’Air et de la Résistance (Toulouse, Salon, Lyon, Mont Ventoux), a eu quatre enfants. Il était né à Nouméa, capitale de la Nouvelle-Calédonie, parce que son père, Charles Michelet, était le directeur de la prison de Nouméa mais pas du bagne, comme nous l’avons cru longtemps. Quand il revenait faire un séjour en France, il se faisait un malin plaisir, avec l’un de ses amis, de parler comme un dangereux truand (avec l’accent du truand parigot) dans les transports en commun, notamment à Marseille. À l’époque, les truands n’étaient nullement à la mode et les autres passagers du tram ou de l’autobus les regardaient avec effroi (à leur grande joie) et essayaient de s’éloigner.

Mon père étant né en Nouvelle-Calédonie, j’étais un cannibale comme mes frère et sœurs.  C’était, à l’époque, la légende qui avait cours sur les Canaques. Nous plaisantions souvent sur ce thème, surtout pendant les repas. Un beau jour, vers la fin de la guerre (donc fin 1944 ou en 1945), j’étais encore très petit (3-4 ans) et ma mère m’emmena avec elle pour faire des courses dans Paris. Inutile de dire que les produits de luxe comme la confiture, le miel ou le chocolat étaient encore rarissimes. Dans la rue, rencontre inopinée avec une jeune Antillaise au teint bien foncé, une personne charmante avec laquelle ma mère engagea la conversation. Mes cheveux étaient si blonds qu’ils en étaient blancs (voir les photos visibles en tête, c’est le cas de le dire, ici (tout en haut) et à côté), et je n’avais encore jamais vu un être humain à la peau foncée. Sur le ton de la surprise, je dis donc à cette jeune femme : « T’es marron ! » . Elle me répondit gentiment : « Oui, c’est parce que je suis en chocolat ! ». « - Cho-co-YA ? », m'exclamai-je d’un air émerveillé et très gourmand, mes instincts cannibales ayant été réveillés. Heureusement, je ne crois pas que ma mère m’ait laissé goûter ce « chocolat ». Méfiez-vous des cannibales comme moi !

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J'ai environ trois ou quatre ans et je voyage en train en compagnie de ma mère, dans un compartiment que nous partageons avec quelques autres personnes. À l'époque, toutes les voitures (pour passagers) de chemin de fer étaient divisées en compartiments de six ou huit places. On voit encore cela dans les vieux films. Tout d'un coup, d'une voix forte, je pose une excellente question : "Comment il fait, le petit garçon, pour sortir du ventre de sa maman ?" Il paraît que le public fut amusé par cette question, mais je ne voyais pas pourquoi car j'avais posé une question purement scientifique.

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J'avais environ six ans, Daniel neuf à dix ans et notre grande aînée, Françoise, onze ans. En Allemagne, notre mère nous emmena faire une promenade sur le Rhin, dans un des nombreux bateaux d'excursion qui avaient survécu à la guerre, pourtant impitoyable : des milliers de chasseurs et de chasseurs-bombardiers britanniques et américains avaient littéralement tiré sur tout ce qui bougeait en Allemagne, spécialement sur le Rhin, pendant plus d'un an (1944-mai 1945).

Nous voilà débarquant à Bingen, avec sa tour médiévale sur un îlot minuscule, le lieu de la célèbre invasion de rats guidés jusque dans le Rhin, pour qu'ils s'y noient (ou plutôt noyassent), par le joueur de flûte. Nous nous rendons sur l'autre rive, couverte de vignobles et dominée par la gigantesque statue dite "Germania" (prononcer "Guermania"), construite au XIXe siècle sur la hauteur, dominant les alentours et orientée vers l'ouest, vers l'ennemi : la France. Cette statue est un véritable monstre assez hideux. Notre ascension dans la chaleur sur un sentier, parmi les vignes, est plutôt dure. Lors d'une pause, notre sœur Anne-Marie (huit ans) déclare : " Oh la la, celui qui a fait cette statue, il a dû y passer toute sa vie ! " Et Daniel d'approuver : "Et même plus ! "

PS : j'ignore ce que Germania brandit dans sa main droite mais j'imagine que cela pourrait être une tête coupée (comme en France pendant la révolution), une tête de vilain Français, voire celle de la France. Si vous connaissez la réponse, ayez la sublime amabilité de me la faire connaître.

Germania, en face de Bingen (sur le Rhin), défiant l'affreux ennemi français et prête à le repousser, y compris avec l'aide des anges germaniques. Photo faite lors de notre ascension (1947).

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Âgé d'environ dix ou onze ans, Daniel se sent inspiré par un ou deux films de Tarzan qu'il a vus. Nous habitons alors une maison avec jardin, en Allemagne. Comme c'est l'usage (excellent) dans ce pays, il y a dans le jardin une barre horizontale ronde, supportée par deux montants, à environ 2 m ou 2,5 m au-dessus du sol. On peut mettre un tapis sur cette barre et le battre commodément pour le débarrasser de la poussière. Cet équipement est appelé "Teppichstange", Barre pour tapis. À environ un ou deux mètres de ce dispositif, il y avait un gros tas de bois bien rangé, les bûches empilées proprement, jusqu'à environ un mètre cinquante de hauteur. En présence de ses deux sœurs (l'une plus âgée que lui, l'autre moins) et de son petit frère Yves (7 ans), l'intrépide Daniel (futur officier parachutiste et cela se voyait déjà) grimpe sur le tas de bois et, tel Tarzan, il s'élance et saute en direction de la barre horizontale afin de s'y suspendre par les mains, mais il la manque et, en raison des lois de la balistique, il tombe au sol, à plat sur le dos, d'environ deux mètres de hauteur.

Ce genre de petit accident est terrible pour la victime car le choc sur le dos bloque la respiration : on n'arrive plus à respirer et l'on a l'impression d'étouffer, peut-être de mourir. J'ai assisté plusieurs fois à ce petit drame et ce n'est vraiment pas drôle pour l'intéressé (cela arrive souvent aux naïfs qui, sans rien avoir ni de la musculature ni de l'habileté (entraînement progressif...) indispensables, croient pouvoir se livrer à des acrobaties avec une barre fixe, d'où de nombreux accidents et la rareté des barres fixes librement accessibles à chacun). Les deux sœurs de notre Daniel se précipitent et le relèvent, une de chaque côté, marchant en direction de la maison. C'est là que Daniel, qui avait recommencé à respirer, leur déclare, au milieu de ses sanglots : "Laissez-moi mourir en paix !" Il avait dû entendre cette phrase tragique dans un film quelconque, probablement un western. Cette déclaration déclencha un éclat de rire général. Nous avons réutilisé cette phrase pendant des dizaines d'années, riant chaque fois à gorge déployée.

Ci-dessous, photo de ce même Daniel quelques années plus tard, en uniforme de Saint-Cyrien, juste après son mariage religieux en l'église Saint-Louis des Invalides (Paris) en septembre 1962, dans la cour d'honneur avec son frère Yves, sous-lieutenant frais émoulu (le29 août 1962). Derrière eux, on aperçoit l'entrée de l'église, encadrée de grosses colonnes. Le photographe a hélas oublié de régler la distance sur son appareil photo mais je parviendrai peut-être à corriger le défaut de netteté.

Vous trouverez plus bas une autre photo du superbe uniforme tout neuf de ce magnifique aviateur, sous le titre "Le garde républicain" .

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Mon grand-père

Notre grand-père maternel a habité avec nous pendant quelques années. Il était presque impossible de se placer devant un miroir pour se peigner ou pour vérifier sa tenue, avant de sortir, sans qu'il surgisse juste à côté comme un démon sarcastique, disant : "Ah, que je suis beau ! MON DIEU que je suis beau !"

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Dans le parc du château présidentiel de Vizille (près de Grenoble, au pied des Alpes), la statue grandeur nature d'un faune guette les visiteurs. Ces photos, car il y en a deux, à savoir le faune et l'écriteau qui le protège, ont été faites en automne 1958 :

(Désolé, j'ajouterai les photos dès que possible.)

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Je passe l'oral du baccalauréat "Mathématiques" (à l'époque, en 1959, c'était le 2e bac ou la 2e partie de ce bac) après ce qu'on appelle à présent "la terminale scientifique". Et voici  l'épreuve de géographie, où une jeune prof me fait tirer un sujet au hasard, écrit sur un petit papier : "La culture du maïs dans la plaine du Po" (en Italie du nord, évidemment). Cela me convient car j'ai bien révisé, et je commence à raconter tout ce que je sais, mais l'examinatrice me demande: "Que fait-on avec le maïs ?" "- On engraisse des porcs." "- Oui, mais autre chose ?" "- On engraisse des volailles." " - Oui, mais autre chose ?". Je voyais bien qu'elle voulait me faire dire quelque chose de précis mais je ne savais pas quoi, et je répondis étourdiment, pensant au pop-corn : "Du flocon d'avoine." " QUOI ? " s'exclama-t-elle en sautant au plafond. Fabriquer de l'avoine avec du maïs, je suis le seul à avoir eu une idée aussi géniale.

En fait, elle pensait à la polenta, galette de maïs faisant partie de l'alimentation de base. Le plus fort, c'est que je connaissais un bout de chanson en italien sur la polenta, sans savoir de quoi il s'agissait. Je n'ai hélas pas pensé à la lui chanter, ce qui m'aurait sûrement valu un 20/20.

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Ce même Daniel, un peu plus âgé (22 ans), prend le métro à Paris. Dans la même voiture, il y a aussi diverses personnes dont un Antillais bien noir. Une grosse femme se met à l’apostropher et à exprimer longuement toute sa réprobation sur la présence de Noirs en France et dans cette rame de métro. Quand elle fait une courte pause pour reprendre son souffle, l’homme lui répond calmement, d’une grosse voix de basse : « Eh bien, dans mon pays, les g’osses dames comme vous, on les mange ! ». Je trouve cette réponse véritablement merveilleuse et géniale en même temps. Bon appétit ! Il est vrai qu’il aurait risqué de s’empoisonner avec tout ce venin.

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L'aînée de notre fratrie de deux filles et deux garçons, mariée un an ou deux auparavant, est enceinte jusqu'aux yeux, pour la première fois. C'est évidemment un évènement considérable et un jour, réunis tous les quatre et déjà tous adultes, nous nous livrons aux spéculations habituelles : le bébé sera-t-il une fille ou un garçon ? (Ce fut une fille.) Et si ce sont des jumeaux ? Des triplés ? Des quadruplés ? Bien entendu, nous finissons par aboutir aux quintuplés, une sensation mondiale saluée par toute la presse internationale. Et notre Daniel d'imaginer les photos à la première page de tous les journaux, photos montrant les quintuplés et lui-même, "l'heureux tonton"  !  Quel éclat de rire !  Cette fois aussi, nous en avons encore ri pendant des dizaines d'années. Ce qui aurait intéressé la presse mondiale, cela n'aurait pas été la jeune mère avec ses quintuplés mais "l'heureux tonton" !  Quelle exquise modestie !

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Une dizaine d'années plus tard, Daniel est marié et il a un fils âgé de six ou sept ans. Un jour, l'institutrice demande aux enfants de sa classe de raconter par écrit (rédaction) un épisode du passé. Et le jeune Luc de raconter : Le roi est à table, en train de déjeuner avec la reine. Soudain, quelques chevaliers surgissent et lui disent qu'il doit les suivre immédiatement car la guerre a éclaté. Le roi se lève de table mais son épouse, la reine, intervient : " Non, tu ne peux pas partir pour la guerre. Tu n'as pas fini ta banane ! "

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Cette même sœur, des années plus tard, est sur le point de partir faire les courses en compagnie de son petit garçon, âgé de 5 ou 6 ans. Elle lui dit : « Georges ! Appelle l’ascenseur ! » Georges sort sur le palier et appelle d’une voix forte : « ASCENSEUR ! »

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Les petits-enfants de ma mère l’ont baptisée « Mamé ». Mon petit garçon, Éric, a trois ans. Je lui montre un livre de belles images correspondant à son âge en lui expliquant ce qu’on y voit. J’arrive à la page où figure une très jolie ferme entourée de toutes sortes d’animaux en groupes, que je lui montre un par un. « Là, ce sont les poules… les cochons… les canards… les vaches ; elles font « Meuh ! Meuh ! ». Et lui, tout à fait ravi : « Mééé ! Mééé ! Pris d’une inspiration, il ajoute très fort : MAMÉ ! MAMÉ ! » L’intéressée fut enchantée de l’apprendre.

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Le même petit garçon, mais à cinq ans, se trouve chez nos voisins, qui ont des enfants de son âge. Ils ont aussi un petit tableau vraiment affreux (selon ma femme et moi) à la place d’honneur dans leur salon. Il ressemble tout à fait à ces pauvres hérissons que j’ai vus parfois, écrasés par des voitures sur les routes. On y voit une sorte de tourbillon de couleurs diverses ; du rouge, du verdâtre et autres couleurs ragoûtantes, sans qu’il soit possible de distinguer quoi que ce soit de réel ou de concret. Planté devant cette horreur, Éric déclare au fier propriétaire de l’œuvre : « Alors ça, tu peux le jeter tout de suite ! »

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Une dame tout à fait adulte (35 ans) raconte à sa sœur je ne sais quelle histoire terriblement importante, à base de visites de boutiques et de pause dans quelque salon de thé. Avec ennui, je n’écoute que d’une oreille distraite, mais elle ajoute soudain : « Je saute dans ma jupe… ». Là, j’éclate d’un rire tonitruant, je me plie en deux ; il faut dire que l’intéressée avait un tour de taille et un poids respectables. Elle me regarde d’un air effaré et demande à sa sœur : « Mais qu’est-ce qu’il a ? Pourquoi y rit comme ça ? » Et la sœur de rire à son tour et de lui répondre : « Il voit l’tableau ! ». Et moi de confirmer : « Pour voir le tableau, je vois le tableau ! Je vois Cunégonde qui s’envole gracieusement vers les cieux, comme un petit oiseau, et qui retombe pile dans sa jupe ! Ah ah ah ah ah! » Et de rire ! L’intéressée ne semblait pas du tout trouver cela amusant mais j’en ignore la raison.

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Mots de femmes

Les mots de femmes valent bien les mots d’enfants mais j’ai tort de le dire aussi clairement car la gent porte-jupons est devenue fort vindicative, ces temps derniers. Je m’entraîne donc à courir le plus vite possible et à grimper aux arbres (un exercice qu’aucune ravissante, même en colère, n’ose pratiquer) pour échapper à l’ire vengeresse des championnes de la logique imparable.

Ma chère petite épouse rousse, la deuxième, venue de l’étranger, devait se lever chaque matin vers 7 ou 8 heures pour se livrer à ses coupables activités à la Sorbonne, mais elle ne parvenait à se lever qu’entre 11 h 30 et midi passé. Un jour, il était justement midi cinq et elle se réveilla enfin, exprimant comme toujours son désespoir de se réveiller si tard. Levé depuis 7 h mais assis au bord du lit à ce moment, je lui dis : « T’es vraiment une vieille marmotte ! ». Persuadée que c’était une injure, piquée au vif et furieuse, elle riposte du tac au tac : « Et toi, t’es un vieux marmot ! ». Inutile de décrire en détail mon énorme éclat de rire. Ce vieux marmot avait quarante-deux ans.

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Revenons en arrière d'une dizaine d'années: 

Nos adorables petites femmes

Ma première victime (épouse) et stoïque martyre faisait déjà ma joie, bien entendu, avant même que nous fussions mariés. Je suis inconsolable de ne pas avoir noté par écrit l’une de ses remarques sur le fonctionnement des voitures. Cette remarque illustrait parfaitement l’idée que se font les hommes des rapports drolatiques entre les femmes et la technique automobile.

Quelques mois après l’évènement fatidique nous liant l’un à l’autre jusqu’à ce que la mort nous séparât, nous avons pris deux ou trois semaines de vacances sur la Côte d’Azur (à Agay, un endroit paradisiaque, au moins en 1968)… et il a fallu que cela tombe sur mai 68 ! C’était évidemment involontaire, mais peu importe.

Nous étions logés dans un petit hôtel tout près d’une petite crique avec sa plage et, derrière, un relief relativement important : une partie de l’Estérel avec ses roches rouges (du porphyre).

Un soir, et il était déjà assez tard, nous étions couchés depuis un bon moment et sur le point de nous endormir tous les deux. Notez bien, à présent, les détails topologiques : couchée de tout son long sur le côté droit, ma jeune épouse me tournait le dos. J’étais dans la même position, tourné vers elle, donc vers son dos. Depuis quelque temps, peut-être une demi-heure, il y avait dans le lointain des signes d’orage assez faibles, avec quelques grondements éloignés.

Soudain, et rien ne le laissait prévoir, il y eut un fracas épouvantable, littéralement indescriptible, comme, tout près, un coup de canon de 560 mm (équipant les cuirassés japonais Musashi et Yamato). De toute ma vie, ni avant ni après, et je suis un vieux pépé, je n’ai jamais rien entendu d’une puissance comparable. L'allumage de la post-combustion (flammes visibles à l'arrière) des avions de chasse à réaction n'est rien à côté de ce fracas. 

Bref, ce coup de tonnerre digne de l’Olympe, le tonnerre d’une vie et même davantage (les mots sont impuissants devant une telle puissance sonore), s’est produit, j’en suis certain, juste au-dessus de notre petit hôtel, qui devait avoir un excellent paratonnerre. Qu’arriva-t-il ? Ma petite femme, qui était toujours allongée en me tournant le dos, a bondi, dans cette position allongée – par un réflexe purement physique - verticalement d’environ dix à trente centimètres en hauteur, sur toute sa longueur, tout en pivotant vers moi, et s'est serrée contre moi de toutes ses forces, dans un dernier geste avant notre anéantissement définitif par les puissances infernales. Et moi ? Au lieu de mourir de peur comme elle, j’étais, au contraire, mort de rire, je riais tant que je pouvais, j’avais rarement autant ri, ce qui finit par la vexer : « Ben quand même, c’était drôlement fort ! », dit-elle d’une toute petite voix. Elle avait évidemment raison et je ne pouvais que l’approuver tout en lui étant reconnaissant de m’avoir tant fait rire. Les femmes adorent que nous riions d’elles. 

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Cette même épouse (la première de mes victimes) m’a offert gracieusement l’une de mes plus belles séances de rire. Je vous l’ai dit, nos ravissantes compagnes ressemblent fort à nos bambins et bambines. Ne le leur répétez pas car elles viendraient m’écharper, voire pire.

 

 

 

Nous habitions en Suède, près d’un lac relativement grand (environ 7 km de long et de 100 à 500 m de largeur) –  petit pour un lac suédois mais c’était un paradis pour le passionné de pêche au brochet que j’étais. Ce lac grouillait de brochets de toutes les tailles, et aussi de divers autres poissons chargés de les nourrir, surtout des gardons et des perches, ces dernières pesant souvent de 250 g à 1 kg (le maximum est de 4 kg). J’étais alors le seul pêcheur à la ligne, sans concurrents. Cet endroit était encore entièrement dans son état naturel. Un jour, ma femme, curieuse, vint voir ce que je faisais (c’était très rare car la pêche ne l’intéressait pas du tout). Pour une fois, je pêchais du bord et non un peu plus loin, dans ma toute petite barque. Je me tenais sur un rocher de granit, à environ un mètre au-dessus de l’eau, avec mes bottes antidérapantes. C’était au printemps ou en automne et il ne faisait pas chaud ; ma femme portait des vêtements appropriés, dont un anorak avec un capuchon entouré de fourrure de lapin (je crois, mais je connais les poissons mieux que les fourrures). Elle avait rabattu ce capuchon sur sa tête.

La voyant arriver, je la mis en garde : « Fais attention, ce rocher est glissant » (parce que son granit était très lisse et humide, et je le connaissais bien…). Cela me valut une réponse peu aimable dont il ressortait qu’elle n’était plus un bébé et qu’elle était capable de tenir debout sur ses jambes. À peine avait-elle fermé la bouche qu’elle glissa sur le rocher et tomba verticalement dans l’eau, droite comme un I, juste au-dessous de moi. Le spectacle de son visage, entouré de fourrure et exprimant à la fois l’horreur d’être tombée dans l’eau tout habillée et une stupéfaction totale, valait toutes les toiles de grands maîtres, de Bosch et Dürer à Rembrandt. 

J’étais mort de rire et plié en deux, ce qui tombait bien (si j’ose dire) car c’était la position nécessaire pour tendre la main à la victime des ondes traîtresses. Toujours riant, je la sortis de l’eau d’une simple traction, et je ne crois pas que le haut de son corps ait été mouillé car ses vêtements amples l’avaient fait flotter en partie hors de l’eau. Pour comble de vexation, notre voisin et ami Lennart se trouvait justement dans son jardin quand elle passa à côté, ruisselante, pour rentrer vite à la maison (très proche du lac) et se changer. Il ne manqua pas cette excellente occasion de rire à son tour et d’émettre une remarque sarcastique (qu’elle prit avec humour). J’ajoute qu’elle n’aurait risqué aucun accident grave même si elle avait été seule car elle était jeune (25 ans), excellente nageuse (mais avec des vêtements d’automne… hum…) et en très bonne forme physique. De plus, elle était tombée à 5 cm du bord et la rive était plate à quelques mètres de là.  Le choc thermique dans l’eau froide du lac aurait pu être dangereux mais il n’eut pas le temps de se produire car, aussi méchant que je sois, je l’ai sortie de l’eau très vite tout en riant tant que je pouvais. Morale de l’histoire : les épouses devraient écouter davantage leurs sages et dignes époux, surtout les pêcheurs à la ligne, dont la sagesse est proverbiale. Mieux vaut écouter que s'écouter puis s'égoutter.

 

Cette photo du lac de Strömstad, appelé Strömsvattnet, "l'eau du courant" (Suède, près de la frontière norvégienne et de la côte du Skagerrack) montre la rive juste à côté du lieu historique où "ma meilleure moitié", comme disent les Allemands, est tombée dans l'eau juste après m'avoir dit qu'elle tenait sur ses jambes. C'est depuis ce lieu redoutable que j'ai pris cette photo. Je dois avoir quelque part une photo de ce rocher diabolique, qui ne montre aucun respect pour la cause féminine (on devrait le dynamiter pour lui apprendre). Patience !

Environ un an plus tard,  en Allemagne, nous habitions une maison dans une série de quatre maisons identiques et accolées, situées à quelques mètres en contrebas de la rue, avec un chemin d’accès bétonné en cul-de-sac au fond duquel, à gauche des maisons, se trouvait un mur en béton de quelques mètres de hauteur. On arrivait face aux maisons puis, dans la cour, il fallait tourner à gauche à angle droit pour longer ces maisons et parvenir devant  l'une des quatre portes d’entrée. Le mur était alors face aux arrivants. Un beau jour, ma petite femme chérie (allemande), qui avait été invisible pendant un quart d’heure, revint et me déclara d’un air renfrogné : « Quel stupide vélo ! ». 

Naturellement, cette déclaration hautement historique me poussa à demander ce que cela voulait dire, et de quel stupide vélo elle parlait. Elle avait parlé de mon vélo, un « randonneur » français que j’avais depuis de longues années, avec selle de course en cuir et guidon de course, c'est-à-dire recourbé vers le bas, avec les poignées de freins sur les parties verticales du guidon. Pour freiner, il fallait donc mettre ses mains en bas du guidon et saisir ces poignées. Ce n’était certainement pas un vélo de course mais un bon bourrin servant à faire éventuellement de longs trajets, avec un porte-bagage au-dessus de la roue arrière, 4 ou 5 vitesses au dérailleur et un double plateau qui doublait le nombre de vitesses différentes, mais il n’a jamais marché.

Ici, je suis obligé de donner des explications très techniques, destinées aux meilleurs parmi les ingénieurs de haut niveau qui lisent ceci. L’Allemagne a eu un incroyable retard dans le domaine des bicyclettes jusqu’à ce que tombent dans le domaine public les brevets français concernant les dérailleurs « Simplex » et aussi les excellents systèmes de freinage par des patins serrant des deux côtés les jantes des roues.

Sur un vélo allemand, on freinait sur la roue arrière en appliquant sur les pédales une pression dans le sens opposé à celui de la marche (rétropédalage si vous voulez, mais on  ne pédalait pas vraiment en arrière, le mouvement étant immédiatement bloqué par la fonction de freinage incorporée). Ce freinage était efficace mais souvent risqué car, si l’on freinait trop fort avec les pédales, la roue arrière se bloquait, on glissait sur le pneu et on partait en dérapage : il fallait en avoir l’habitude et garder son calme en cas d’urgence. Sur la roue avant, un système incroyablement primitif faisait appliquer à un gros patin de freinage en caoutchouc, placé au milieu, au-dessus de cette roue, une pression verticale, vers le bas, directement sur le… pneu avant.

La première fois que j’ai vu ce système horrible, je n’en croyais pas mes yeux. Les adolescents allemands qui voyaient nos vélos français critiquaient les leurs avec vigueur. Pour comble, ces vélos allemands très primitifs n’étaient pas en aluminium, comme les nôtres, mais en acier, et ils étaient donc très lourds. (J’ai passé plus de dix ans en Allemagne quand j’étais enfant puis adolescent.)  J’ai parfois eu affaire à de jeunes Allemands de mon âge qui étaient complètement écœurés par la différence : les vélos français faisaient un peu figure de pur-sangs, les allemands de gros bourrins pesants et primitifs.

Après ces explications fort scientifiques mais indispensables, je continue l’histoire de ma femme et de mon vélo. Sans rien me dire, elle avait voulu essayer ce vélo pour la première fois et, en revenant, elle avait pris une bonne vitesse dans la descente menant à notre maison. Elle a voulu freiner, certainement en amorçant un rétropédalage, mais en vain à cause de la roue libre française : on peut pédaler en arrière tant qu’on veut pour s’amuser ou se délasser, mais sans freiner d’un gramme. Ne connaissant pas le système des poignées de freins en avant du guidon, elle a fini par se retrouver dans le mur, littéralement. Et moi de rire, bien entendu, à la grande indignation de la victime, qui n’est plus jamais montée sur mon vélo.

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Vous l’avez peut-être remarqué dans certains films ou émissions de TV en anglais ou traduits, Eve, qui se prononce Ive, est un prénom féminin assez répandu. Dans les pays francophones, l’équivalent est Ève mais ce prénom est assez rare. Bien sûr, pour les personnes anglophones, il n’y a pas plus féminin que Eve (Ève).

J’ai passé quelques années dans la jolie ville allemande de Heidelberg, dominée par un gros château en grès rose, sur une des collines, partiellement détruit par les méchants Français à l’époque de Louis XIV. (Je fréquentais l’université.) Dans son écrin vert de forêt, ce beau château, qui attire beaucoup les touristes, est très spectaculaire (cherchez Heidelberg dans la case ad hoc, vous verrez).

Un soir d’été, en 1976, me promenant dans cette ville en profitant d’une température douce, je tombe sur quatre jeunes filles américaines, je ne sais plus comment. Nous sommes bien sûr montés jusqu’au château pour l’admirer ainsi que la vue plongeante qu’il permet sur Heidelberg et sur les environs, y compris le Neckar (affluent du Rhin). La petite Joy, une jolie blonde, me plaisait vraiment beaucoup. Nous ne parlions qu’en anglais mais – exploit incroyable – je suis parvenu à faire prononcer par Joy un mot contenant le R européen, que les anglophones ne parviennent que rarement à prononcer parce qu’il n’existe pas en anglais (pas plus que le j ou ge… en allemand). Ce mot, c’était le mot allemand pour « rat », à savoir « Ratte », dont le R s’entend vraiment bien. En anglais, on dit à peu près « Ouatt » (rat).

Un peu plus tard, nous nous installons dans un bar pour boire un jus de fruit ou un café, et Joy me demande quel est mon prénom  (par hasard, je ne l’avais pas encore dit). Je lui réponds : « Je ne peux pas te le dire parce que, si je te le dis, vous allez toutes vous mettre à rire. » « - Oh non, répondent-elles en chœur, certainement pas ! Nous ne rirons pas de ton nom ! ». Elles pensaient évidemment qu’elles étaient beaucoup trop bien élevées et trop polies pour rire du prénom de quelqu’un, mais je savais déjà à quoi m’en tenir. « - Bien, répondis-je. Alors, je vais vous le dire. Je m’appelle Yves. » Toutes les quatre, d’une seule voix, s’exclamèrent : « - Eeeeeeve ? » (Yyyyyyyve ?) Et, naturellement, littéralement pliées en deux sur la table toutes les quatre, elles se mirent à rire comme jamais auparavant. Nous autres Yves sommes des martyrs.

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Le garde républicain

En septembre 1962, mon frère Daniel s'est marié (le pauvre) dans l'église Saint-Louis des Invalides, à Paris, en présence de toute la famille, des amis et d'une demi-douzaine d'autres Saint-Cyriens comme lui, tous en grand uniforme traditionnel, avec le sabre au côté et le casoar à plumes sur la tête. Après la cérémonie et quelques séances de photos et de papotage dans la cour d'honneur de ces mêmes Invalides, j'ai été le héros involontaire d'une toute petite histoire. Sous-lieutenant dans le personnel navigant (de combat) de l'Armée de l'Air (PN), j'étais revenu spécialement d'Ouargla (Sahara) et j'ai profité de l'occasion pour faire faire mon uniforme n° 1 par le tailleur officiel du "ministère" de l'Air, Boulevard Victor, à côté de la place Balard, à Paris. Ces vieux bâtiments n'existent plus car ils ont été détruits il y a quelques années et remplacés par le nouvel immeuble ultra-moderne de la Défense, baptisé "Balard".

C'est le jour de ce mariage que j'ai porté cet uniforme de sortie tout neuf pour la première fois, qui fut aussi presque la dernière. À Ouargla comme ailleurs dans les garnisons militaires, le salut militaire (porter la main droite au bord du calot ou de la casquette) ne se pratiquait que dans de rares occasions, et c'est prévu par le règlement car, sinon, chacun passerait tout son temps à saluer des supérieurs ou (en tant que supérieur) à rendre des saluts - cela rendrait toute activité très difficile (travail administratif, ou des mécaniciens, ou du PN, entraînement physique ou autre, séances de tir, etc.). Bref, bien qu'étant officier, je n'avais jamais reçu de salut militaire même de simples soldats (cela ne me gênait pas le moins du monde, au contraire), et je ne sais même pas si j'avais moi-même salué quelque supérieur. Il est bon de savoir que c'est le militaire ayant le rang le moins élevé qui doit saluer le premier un supérieur hiérarchique quand il y a lieu de le faire, et ce supérieur, quant à lui, doit rendre le salut, c'est-à-dire saluer l'autre militaire à son tour.

Or donc, juste après le mariage en question et quelques activités diverses dans la cour d'honneur, je repartis à pied en compagnie de mon oncle et de sa femme. Mes mains étaient encombrées de matériel photo. Soudain, pas loin de la grande porte de sortie (flanquée de très vieux canons verts du XVIIe siècle, je crois) donnant sur l'extérieur et sur l'esplanade des Invalides, un garde républicain en uniforme traditionnel noir, posté là, me salua militairement, conformément au règlement. Étant donné les habitudes du service quotidien (à Ouargla et ailleurs dans mon cas), je ne m'y attendais pas du tout et ce salut me prit complètement par surprise. Je n'avais même pas remarqué la présence du garde républicain car je m'entretenais avec mon oncle ; c'est son salut qui attira mon attention mais, pour lui rendre ce salut, je fus obligé de me livrer précipitamment (car nous marchions encore) à diverses manœuvres pour libérer ma main droite et rendre son salut à ce brave militaire. Je crois bien que cela aussi fut la seule fois de ma vie.

Mon embarras et ma hâte au moment de libérer ma main droite pour saluer amusèrent énormément mon oncle (qui avait été soldat vers 1940-42) et, jusqu'à la fin de sa vie, il m'a rappelé souvent cette histoire en riant toujours beaucoup. Cet embarras et cette hâte, devant les Invalides, se comprennent car je devais vraiment saluer ce garde républicain. Ne pas le faire aurait été un défaut d'observation du règlement, voire une impolitesse sans aucune justification (car lui m'avait salué), et cela aurait même pu contribuer à ternir la réputation des aviateurs, et bien des "biffins" n'attendent que ça. 

Et voici le bel officier aviateur dans son bel uniforme tout neuf qui lui valut le salut réglementaire du garde républicain :

Cette photo de 1962 ne saurait servir à m'identifier aujourd'hui car j'ai légèrement changé en 61 ans, notamment du côté du tour de taille, hélas. C'est le sort commun à bien des vieux pépés dans mon genre. Sur cette veste d'uniforme, les barrettes dorées, au bout des épaules, caractérisent les officiers. Leur grade précis est indiqué par les galons (sur les manches et sur la casquette). Ici : sous-lieutenant depuis environ un mois et demi.

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Vous voudrez bien me pardonner, j'espère, car je vais vous raconter une histoire drôle mais très probablement imaginaire (imaginée par un horrible macho dans mon genre) - quoique...

Un autocar rempli de touristes, toutes fenêtres ouvertes (c'est l'été), s'arrête en face des chutes du Niagara et le guide déclare dans son micro : " Et maintenant, si les dames veulent bien cesser de parler pendant quelques secondes, nous pourrons entendre le grondement formidable des chutes du Niagara."

C'est une de mes histoires préférées mais il semble que certaines dames ne l'apprécient pas du tout, surtout si elles ont visité ces fameuses chutes d'eau.

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Voici encore une histoire inventée (quoique…), mais elle me plaît tant...

Dans la brousse africaine, un missionnaire catholique se déplace à pied mais il est un peu perdu. Soudain, au détour d'un buisson, il se trouve nez à nez avec un lion. Le missionnaire tombe à genoux, dirige son regard vers le ciel et s'exclame : "Seigneur, veuillez donner des sentiments chrétiens à cet animal !" Alors, le lion tombe à genoux, dirige son regard vers le ciel et s'exclame : "Merci, Seigneur, pour ce repas que vous m'avez envoyé !"

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Au même endroit, un chasseur blanc est capturé par des Africains qui se dépêchent de le mettre dans un grand chaudron, sur un bon feu, avec des légumes et des épices. S'adressant au roi de la tribu, le Blanc déclare : " Si j'arrive à t'étonner, tu me laisseras partir ? " Et le roi de répondre : " Bah, ça m'étonnerait, mais je veux bien. " Alors, d'un geste qu'il veut magique, le Blanc sort brusquement un briquet de sa poche et, crac, il l'allume. Le roi est stupéfait : " Ah ça alors, ça alors ! " Le Blanc, tout fier, sort déjà du chaudron et lui dit : " Hein, je t'ai bien surpris ? " "- Ah oui, c'est vrai, ah oui ! C'est bien la première fois que je vois un briquet s'allumer du premier coup ! "

 

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